You are currently viewing Eau potable de Gap : Eté 2022

Eau potable de Gap : Eté 2022

L’été 2022 a été émaillé d’une série d’échanges entre le maire de Gap, les acteurs du Champsaur concernés par le dossier de l’eau, le groupe Ambitions pour Gap, la préfecture et la presse… L’automne continue à alimenter le dossier !
Vous trouverez ci-aprés, ce que nous avons publié et des éléments de compréhension du dossier.
Pour plus d’informations n’hésitez pas à nous contacter : ambitionspourgap@gmail.com
Publication du 11 juillet 2022

Eau potable de Gap :  Une si longue attente et un retour à la case départ ?

Un scénario que nous ne pouvons pas envisager !

Suite aux différentes prises de positions du maire de Gap, et notamment la réponse qui nous a été faite lors du conseil municipal du 17 juin dernier suite à notre question sur l’approvisionnement en eau potable de la ville de Gap, à la sécheresse en cours et en prévision des conséquences du changement climatique, nous sommes inquiets et voyons le scénario de 2017 se remettre en place sans qu’une vraie solution pérenne soit apportée. 

Le maire de Gap ne prévoit qu’une solution de secours grâce au pompage de la nappe des Choulières (Champsaur) pour alimenter la ville en eau potable lorsque l’eau du Drac ne suffira plus. Il y a 5 ans, la même situation se jouait déjà. 5 années d’immobilisme sur ce sujet qui conduisent à un scénario que nous déplorons pour alimenter la population gapençaise en eau potable.

Quelle eau arrive au robinet des gapençais·es ?

Les ressources propres en eau du Gapençais se limitent à différentes sources à Gleize et à Charance, ainsi qu’à une nappe de la Luye de faible capacité. Pour faire face à la croissance de Gap un complément important intervient en 1950 avec la mise en service de la station de traitement de la Descente. Celle-ci traite un débit délivré par le canal de Gap depuis la prise d’eau dite des Ricous sur le Drac.

Au fil des années, cette eau de surface qui alimente Gap, s’avère de plus en plus vulnérable aussi bien en qualité qu’en quantité, si bien qu’en 2003 est lancée la recherche de nouvelles ressources. 

En 2006, dans le cadre du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) du Drac amont, le puits des Choulières est réalisé et il est déjà proposé à la ville de Gap de se tourner vers cette nappe phréatique du Drac pour son eau potable.

En 2010, le maire de Gap prend l’engagement de régler ce problème dans les 10 ans.  Des études confirment alors la très grande capacité et la qualité de la nappe alluviale du Drac dite “des Choulières” située en amont de Chabottes.

Durant cette période, la fourniture d’eau brute à Gap pour son alimentation en eau potable est déclarée non conforme successivement dans plusieurs documents de planification ; ceux-ci demandent l’abandon de l’alimentation de Gap depuis la prise des Ricous et ce dès 2016 (effet en 2020).

En 2012, cinq communes du Champsaur créent le SIENAD (Syndicat Intercommunal d’Exploitation de la Nappe Alluviale du Drac) pour résoudre leurs propres problèmes d’alimentation en potable.

Fin 2017, à la suite d’un sévère étiage d’hiver du Drac, Gap sauve en urgence son alimentation en eau potable, avec l’accord et l’aide active du SIENAD, grâce à un pompage provisoire dans la nappe des Choulières. Suite à cet épisode, l’agglomération de Gap-Tallard-Durance, représentant la ville de Gap, intègre le SIENAD. Un projet d’ensemble est élaboré à partir du potentiel des Choulières.

En 2020, sans explications, le président de l’agglomération Gap-Tallard-Durance et maire de Gap décide de se retirer du projet et de maintenir l’alimentation de Gap depuis la prise des Ricous !

Aujourd’hui l’approvisionnement se fait toujours sans autorisation. Comment sortir de cette impasse ?

En 2021, le SIENAD décide de lancer une étude comparative de scénarios d’alimentation en eau de Gap. 

Pour le SIENAD, cette étude doit permettre de définir un scénario viable et durable pour leur vallée et pour la ville de Gap. 

Trois scénarios sont à l’étude : 

  • 1er scénario où l’eau potable de Gap viendrait principalement du Drac via la prise d’eau des Ricous, avec un recours à la nappe des Choulières en cas d’indisponibilité de l’eau du Drac (pollution, turbidité, débit insuffisant, …)
  • 2ème scénario où l’eau potable de Gap viendrait exclusivement de la nappe des Choulières, et serait conduite jusqu’à Gap via des infrastructures indépendantes du canal de Gap.
  • 3ème scénario où l’eau potable de Gap viendrait exclusivement de la nappe des Choulières, et serait conduite jusqu’à Gap via des canalisations dédiées installées dans le canal de Gap et son tunnel sous le col de Manse.

Aujourd’hui, dans le contexte actuel de sécheresse et du niveau historiquement bas du Drac, nous souhaitons que le maire de Gap ne mette pas les différents acteurs publics et la population gapençaise au pied du mur, en alimentant Gap en eau depuis les Ricous avec un recours à la nappe des Choulières en cas d’indisponibilités de la prise des Ricous (1er scénario). L’intervention de Jean-Pierre Martin (adjoint au maire de Gap) lors du conseil municipal du 17 juin dernier laisse à penser que c’est pourtant la solution envisagée…

Nous craignons que, dans l’urgence, il impose ce scénario !

Un scénario qui nie de nombreux enjeux, qui ignore l’intérêt des différentes parties y compris ceux de la ville de Gap sur le long terme.

Pourquoi  ?

1/ Du point de vue sanitaire

Le captage des Ricous est une prise d’eau de surface, la vulnérabilité aux pollutions et aux risques de turbidité en cas d’orages (exemple : été 2021) est donc importante.

La prise d’eau est sensible aux étiages.

Le captage est situé en aval de la station d’épuration d’Orcières Merlette. Même si le captage est coupé en période de forte fréquentation touristique, Orcières-Merlette est également habitée à l’année.

L’eau arrivant des Ricous nécessite un traitement complet de potabilisation, alors que l’eau arrivant des Choulières est directement potable, seul un traitement préventif est à prévoir pour maintenir la qualité dans le réseau de distribution. Cette différence se traduit financièrement.

En cas de “difficultés”, l’eau venant de la nappe des Choulières sera versée dans le canal arrivant des Ricous. Une eau d’excellente qualité se trouvera ainsi mélangée à de l’eau de surface, et devra donc être traitée pour être à nouveau rendue potable !

2/ Du point de vue agricole

En plus d’alimenter la ville en eau potable, le canal de Gap permet d’apporter l’eau aux activités agricoles du bassin gapençais.

Avec le changement climatique, les pluviométries aléatoires, les vagues de chaleurs et la hausse des sécheresses, le Drac aura-t-il assez d’eau pour alimenter la ville de Gap en eau potable ET permettre aux agriculteurs de continuer à cultiver les champs du bassin gapençais, à abreuver les troupeaux et ainsi nourrir la population ?

La question se fait un peu plus pressante chaque année à mesure que les hivers sans neige et les canicules se répètent.

Ce 1er scénario est une situation très défavorable pour l’agriculture car elle l’empêche d’utiliser pleinement la réserve des Jaussauds et de la remplir lors de fortes pluies, puisque rendant l’eau impropre à la consommation humaine (turbidité).

Alors pourquoi continuer de priver les irrigants d’un potentiel d’eau beaucoup plus important qu’aujourd’hui et qui répondrait aux enjeux de demain ?

Pourquoi ne pas abandonner l’usage “alimentation en eau potable” de la prise d’eau des Ricous pour dédier cette dernière uniquement à l’agriculture ?

Pourquoi ne pas dissocier le réseau destiné à l’usage “eau potable” et le réseau destiné à l’usage agricole ?

Enfin, pourquoi ne pas assumer une contribution au canal de Gap pour affirmer le soutien de la commune de Gap à cet équipement d’intérêt général et plus largement pour soutenir l’agriculture?

3/ Du point de vue règlementaire

Une ville alimentée par un captage sans existence légale

Par arrêté préfectoral du 15 décembre 2016, le préfet des Hautes-Alpes a déclaré d’utilité publique l’instauration des périmètres de protection de la prise d’eau des Ricous et dans le même temps a autorisé la fourniture de l’eau brute à la Ville de Gap aux fins de son alimentation en eau potable et ce jusqu’au 31 décembre 2020 dans l’attente d’une solution de substitution.

Cet arrêté et les suivants ont été annulés par le tribunal administratif de Marseille le 14 mars 2019, jugement confirmé par la cour administrative d’appel le 22 septembre 2020.

En conséquence, la prise d’eau des Ricous aux fins d’alimentation en eau potable de Gap est toujours sans autorisation sanitaire, mais aussi sans solution de secours, alors même que 26 arrêtés préfectoraux de sécheresse ont été pris entre 2003 et 2019.

Une alimentation en eau potable non conforme aux documents de gestion des eaux

Ce 1er scénario ne répond pas aux enjeux environnementaux, ne tient pas compte de l’intérêt des différentes parties et est donc en contradiction avec les objectifs définis et les actions demandées dans plusieurs documents de gestion des eaux :  SDAGE (schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux), SAGE (schéma d’aménagement et de gestion de l’eau) du Drac Amont et PRGE (plan de gestion de la ressource en eau) du Drac amont approuvé le 13 juin 2018 qui prévoit sa substitution par le pompage des Choulières, notamment parce que la prise d’eau des Ricous impacte directement le déficit du débit du Drac.

Alimenter Gap depuis les Ricous, des travaux réglementaires conséquents

Prélever des eaux de surfaces puis les conserver à l’air libre en vue d’une potabilisation nécessite des procédures réglementaires importantes, notamment des périmètres de protection sanitaire autour des captages et le long des réseaux d’acheminement lorsque ces derniers ne sont pas considérés comme étanches.

Certains périmètres seront de grande envergure imposant des contraintes d’utilisation pour les secteurs impactés (contraintes pour l’agriculture, pour les activités touristiques, pour le développement d’infrastructures ou même de nouvelles habitations).

De plus les procédures sanitaires et environnementales sont conséquentes et longues, les travaux à réaliser sont importants. La situation juridique mettra encore plusieurs années à se résoudre.

4/ Du point de vue financier

Un scénario non subventionnable 

En imposant ce scénario, le maire de Gap ne tient pas compte des documents de planification et de gestion des eaux. Il ne cherche pas à répondre aux enjeux environnementaux, à l’intérêt des différentes parties et à se positionner dans une vision durable et pérenne.

Ce 1er scénario ne pourra donc pas bénéficier de subventions car il ne sera pas approuvé par les experts du SDAGE, SAGE, du PGRE et de l’Agence de l’Eau.

In fine, la part d’autofinancement de la ville de Gap sera peut-être la même mais avec quelles conséquences et à quel prix ? Pourquoi être en contradiction avec les plans d’alimentation et de gestion de la ressource en eau ?

Un coût de potabilisation 30 fois plus élevé 

Alimenter en eau la ville de Gap depuis les Ricous avec un recours à la nappe des Choulières en cas d’indisponibilité de la prise des Ricous nécessite un traitement par chaîne complète à l’usine de la Descente pour distribuer de l’eau potable.

Or, l’usine de la Descente est aujourd’hui obsolète, sa réfection est estimée à plus de 4 millions €, là où les 2 autres scénarios nécessitent 150 000 € d’investissement pour simplement maintenir la qualité de l’eau dans le réseau de distribution.

CONCLUSION

Le maire de Gap argumentera que le 1er scénario présente plusieurs points positifs (système gravitaire, autonomie importante, …), mais au regard de l’ensemble des critères, la balance penche nettement pour les scénarios 2 et 3.

Nous dénonçons la gestion actuelle de l’eau potable par le maire de Gap, nous pensons qu’un passage en force serait contraire aux intérêts de la ville de Gap, du bassin gapençais et de la vallée du Champsaur.

Nous alertons sur le caractère non viable et peu durable de ce 1er scénario. Nous appuyons et soutenons l’importance de continuer à travailler plus précisément les deux autres scénarios, à affiner leurs faisabilités techniques et financières pour retenir, in fine, la meilleure solution, partagée par tous les acteurs et tenant compte des enjeux à court, moyen et long termes.

et au fil de l’été :
article sur le même sujet : Petite histoire de l’eau à Gap, une histoire sans fin
et aussi : Réaction d’Ambitions pour Gap suite à la publication d’un article le 25 aout 2022 dans les pages du Dauphiné :
Pourquoi la réponse temporaire trouvée pour l alimentation en eau potable de Gap n’est pas une bonne solution :
 
  • mélanger de l’eau « considérée comme potable » à de l’eau de surface en la faisant transiter par le canal et en la stockant dans la réserve des Jaussauds est une aberration car demande un retraitement important !
     
  • cela crée un conflit d’usage car la réserve des Jaussauds était initialement prévue pour l’agriculture
     
  • sur le souhait de travailler en gravitaire pour l’approvisionnement en eau, en turbinant l’eau on peut générer de l’électricité … à défaut de rapporter de l’argent cela pourrait être une solution neutre pour le porte monnaie des gapençais et assurerait une eau de haute qualité !

L’alimentation en eau potable de la ville de Gap est aujourd’hui dans une situation très précaire…

Courant août, une solution d’urgence avait été trouvée avec la Mairie de Chabottes. Cette solution n’a pu être mise en oeuvre faute de convention signée par la mairie de Gap …

La pluie aura cette fois sauvé la mise. L’édile de la préfecture du département des Hautes-Alpes peut, pour l’instant, dormir sur ses deux oreilles…

Combien de fois devra t’on frôler la catastrophe pour que l’on prenne vraiment ce sujet à bras le corps ? 

les jassaud a secle déni n’a jamais fait avancer les choses …

une fois l’approvisionnement en eau potable assuré de manière qualitative et quantitative, il faudra s’intéresser au réseau de distribution… un autre chantier qui promet lui aussi…