Alors que les élections approchent, le maire de Gap, Roger Didier, agite opportunément le spectre de l’insécurité. Une méthode bien connue : flatter les instincts les plus bas pour capter les voix de l’extrême droite et de la droite la plus populiste. Plutôt que d’assumer ses responsabilités, il préfère désigner des boucs émissaires.

Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon les données du ministère de l’Intérieur pour 2023, Gap, avec ses 40 500 habitants, a enregistré 1 827 crimes et délits, soit un taux de 45,1 pour mille habitants. Ce taux est inférieur à celui des villes de taille comparable ! Ces chiffres démontrent que Gap bénéficie d’une sécurité supérieure à beaucoup d’autres zones urbaines.

Car qui vise-t-on ici ? Les plus précaires, ceux qui dorment dehors, ceux que la société laisse sur le bord de la route. À chaque fois que l’histoire a vu des dirigeants chercher à cacher, discriminer ou stigmatiser les plus fragiles, cela a mené à des dérives dangereuses. À Gap comme ailleurs, devons-nous vraiment accepter cette pente glissante ?

La vraie question n’est pas de savoir comment faire disparaître ces personnes de l’espace public, mais bien comment faire en sorte qu’elles ne soient plus à la rue. Quelles actions la mairie mène-t-elle concrètement pour traiter le problème à sa racine ? Quelles politiques sociales et d’accompagnement sont mises en place pour leur offrir des perspectives dignes ?

Le maire brandit l’insécurité comme un épouvantail, mais que fait-il vraiment pour y remédier ? En ne renforçant pas le budget du CCAS et les subventions aux associations sociales, il laisse de côté les véritables leviers de prévention et de cohésion. Simultanément, il choisit d’investir des millions dans des projets tape-à-l’œil et des acquisitions foncières hors de prix, au détriment des priorités essentielles : la sécurité et le bien-être des habitants.

Faire de la sécurité un enjeu électoral en pointant du doigt les plus démunis, c’est non seulement indigne, mais c’est surtout inefficace. Ce dont Gap a besoin, ce n’est pas d’un maire qui instrumentalise la misère, mais d’une politique sociale ambitieuse, humaine et pragmatique.