Notre participations à la concertation au sujet de la réserve du Châtelar
Des membres de notre groupe ont assisté aux réunions publiques et nous avons apporté deux contributions à la concertation sur le projet de réserve de substitution du Châtelar.
Non prise en compte de l’hypothèse du changement par la Ville de Gap de son mode d’approvisionnement en eau potable (AEP).
Nous apprécions particulièrement la mise en place par le canal de Gap de cette démarche de concertation.
Cependant, le dossier présente une lacune notoire : celle de ne pas comporter un volet étoffé spécifique sur l’hypothèse du changement programmé du mode d’approvisionnement en eau potable (AEP) de la Ville de Gap (captage non autorisé, périmètres de protection non-respectés, réglementation en matière de débit réservé pour la bio-diversité impossible à tenir en période d’étiage, …)
Le fait de basculer l’AEP de Gap sur la nappe des Choulières ou sur toute autre ressource nouvellement identifiée, pourrait conduire à valoriser et dédier les eaux superficielles du Drac, y compris turbides, et les infrastructures du canal exclusivement à l’usage d’irrigation, sa vocation originelle.
Les garants nous ont répondu avoir “été vigilants à la fois sur la nécessité d’informer de manière transparente le public sur les différents usages de l’eau et de ne pas exclure les questions sur l’alimentation en eau de la Ville de Gap. Pour autant la concertation préalable en cours porte sur l’opportunité du projet de la réserve de substitution du Châtelar, et non sur l’hypothèse d’un changement du mode d’approvisionnement de la Ville de Gap en eau potable” et qu’ils ”laissent le Maître d’Ouvrage vous apporter les réponses sur les aspects techniques de notre avis.”
Les arguments avancés pour écarter l’analyse de l’AEP ne sont pas recevables et donnent le sentiment d’une volonté d’évacuer le sujet. Si l’eau potable de Gap ne dépend plus du canal, la Réserve des Jaussauds (d’une capacité de 745 000 m³) et celle des Manes (145 000 m³) seraient dédiées en totalité à l’irrigation, à la livraison d’eau brute pour l’alimentation d’exploitations d’élevage et à la production d’énergie hydroélectrique. Evitant de fait les conflits d’usage.
De plus, le fait d’être libéré des contraintes de fourniture d’eau brute à la Ville de Gap, permettrait au Canal de Gap de disposer, en dehors des périodes d’irrigation, de délais suffisamment longs, de plus de 3 mois, pour faire face à d’éventuels grands travaux programmés ou d’urgence sur les ouvrages de tête (prise des Ricous, branche mère et tunnel de Manse) soumis à de nouvelles contraintes liées au dérèglement climatique.
Sur le volet financier, la redevance due actuellement par la Ville de Gap, définie par l’ASA du Canal de Gap selon « le juste montant contributif correspondant au service rendu » (à noter que l’arrêt de la prestation de fourniture d’eau brute devrait normalement réduire fortement les dépenses correspondantes) devrait être redéfinie dans un contrat d’objectifs visant à prendre en compte les intérêts respectifs de chacune des parties (ceinture verte de l’agglomération, renouvellement des réseaux, dilution dans la Luye, sentiers de randonnée, …).
Nous regrettons que le dossier ne fasse pas de comparatif : coût de l’utilisation d’eau de nappe des Choulières + sources de Charance et Bayard pour l‘AEP de Gap versus coût du Châtelar, …. Cet investissement de 13 millions d’euros (selon nos calculs) permettrait d’avoir une eau d’excellente qualité pour plus de 40 000 habitants de Gap, tout en préservant le Drac.
Toujours sur le volet financier, le nombre de bénéficiaires n’étant pas clairement indiqué, cela ne permet pas d’évaluer la pertinence de la création de cette réserve pour un montant de 26 millions.
En conclusion, ce dossier ne peut passer sous silence la question de l’alimentation en eau potable (AEP) de Gap car ce sujet est étroitement lié à la sécurisation globale de la desserte en eau du Gapençais et notamment à l’usage de l’irrigation.
Non prise en compte de l’éventualité d’un projet de plan d’eau touristique au sud de Gap
Lors du conseil municipal de Gap du 14 juin 2024, il a été à nouveau question de l’éventualité d’un plan d’eau touristique au sud de Gap avec une alimentation en eau par le canal de Gap (et donc par le Drac).
Si tel est le cas, il s’agit là nous semble t-il d’une contradiction ou du moins d’un défaut de transparence quant aux objectifs affichés du projet Châtelar dans le cadre du processus de concertation.
Les garants n’avaient, semble t’il, pas connaissance de ce projet et leur réponse a été la suivante : « ce projet n’apparaît pas dans le dossier de concertation et n’a donc pas été porté à connaissance du public. Nous questionnerons le Maître d’Ouvrage sur sa connaissance et sa position par rapport à ce projet ».
Nous espérons que nos contributions permettront de faire avancer et d’apporter un éclairage sur l’opportunité de construction de la future réserve.